SAN PEDRO DE ATACAMA


LA SERENA

 
 


    Voilà, nous sommes au Chili. Le passage de la frontière à Hito Cajon (nous sommes toujours à 4 400 m environ) s'est effectué dans les conditions décrites au chapitre précédent et le panneau vert est l'unique indication que nous venons de changer de pays. Personne, hormis un renard famélique et, peut-être, quelqu'un dans le poste bolivien...

 

    Il ne nous reste plus qu'à rallier San Pedro, à 47 km d'ici. Nous allons passer en une grosse demi-heure de 4 400 m à 2 440 m.

 

    Surprise... Après 1 km environ de piste, nous débouchons sur une route goudronnée, genre belle "nationale" de chez nous et balisée "comme chez nous". Les panneaux au carrefour indiquent les directions à droite et à gauche, mais, bizarrement, aucun n'indique la direction d'où nous venons, aucune mention de la Bolivie (qui ne commence pourtant qu'à 1 km de là). Etrange...

Bref, nous entamons "la" descente et de temps à autre croisons un poids lourd "comme chez nous," immatriculé au Paraguay ou en Argentine, et peinant dans la montée. Tout de suite, donc, l'impression d'avoir retrouvé la "civilisation" et, pourquoi le nier, nous éprouvons une sorte de soulagement car la semaine qui vient de s'écouler a été assez rude (sans compter que j'ai toujours mal aux dents et à l'oreille). Soulagement, mais aussi l'impression bizarre de venir de nulle part.

Nous venons en fait de rejoindre la "grand route" qui relie San Pedro de Atacama à Salta en Argentine et, chose incroyable, nous allons descendre absolument en ligne droite, pas un seul virage! sur la quarantaine de kilomètres qui nous séparent de la ville ; nous verrons dans les premiers km les derniers lamas. Le poste-frontière chilien se trouve tout en bas, à l'entrée de San Pedro, et là, ça ne rigole pas vraiment, les bagages sont sérieusement inspectés... Des fois que nous transporterions de la drogue, ou que sais-je encore... C'en est terminé des gardes-frontière débonnaires, façon frontière Pérou/Bolivie. Changement d'heure (nous repassons à l'heure du Pérou). 

 

    Installation à l'Hostal Quinta Adela... Correct, mais pas de quoi casser trois pattes à un canard, d'autant que les prix pratiqués et non négociables (nous avons essayé... sait-on jamais?) sont des prix européens, carrément... 



    Nous commençons à comprendre qu'effectivement nous venons de changer de monde, et comprendrons vite qu'ici, dans cette partie du Chili, question voisinage, on veut bien avoir à faire avec l'Argentine, avec le Pérou, à la rigueur, mais avec la Bolivie, certainement pas! On ne parle pas de la Bolivie ici, on ignore jusqu'à sa présence, à moins de cinquante km de San Pedro, on n'accepte pas sa monnaie, et, de toutes façons, n'est-ce pas, comme on nous l'a dit, un pays sous-développé, un pays de paresseux et de voleurs? 

 

 Vers: Santiago - Valparaiso