VOYAGES
AU BOUT DE LA NUIT

Où il sera question des 4 nuits passées en train...



  1. 1.PEKIN   -  PING YAO (nuit du 6 au 7/11)


(Départ de la gare PEKIN OUEST le 6/11à 19h03, arrivée prévue en gare de Ping Yao à 7h33 le lendemain matin, soit 10h30 pour un trajet de 630 km).


Les billets - en provenance de Shanghaï - ont été déposés à l’hôtel le 6 (le jour même!) à 10h45... Inutile de dire que l’on commençait à s’inquiéter très, très sérieusement tout en essayant d’imaginer des solutions de rechange (avion jusque Taiyuan et taxi pour les 100km restants...) car ce sont les réservations suivantes qui étaient compromises. Bref, grand soulagement à la réception des billets, même si, et on le savait, c’étaient des billets «sièges durs», promesse d’une nuit difficile...


Autre difficulté: trouver un taxi acceptant de nous emmener de l’hôtel à la gare de Pékin Ouest (immense gare moderne grouillant de monde, mais bien organisée...). Cela nous prit un certain temps temps et il nous fallut payer au moins deux fois le prix.














Notre wagon. Nos sièges (photo ci-dessous) étaient en fait beaucoup moins confortables que ceux que l’on voit ici...

Sans compter les arrêts fréquents et prolongés dans les gares, les effluves en provenance des W-C situés à proximité, tout comme le «smoking area»(!!!), les allers et venues incessantes, la restauration ambulante, les jacasseries, bref, pas terrible du tout. Heureusement, très intéressante conversation - et très libre - avec ce jeune chinois, futur enseignant (photo prise à 23h30).





















Nos jeunes voisines d’en face.



  1. 2.PING YAO  -  XI’AN (nuit du 8 au 9/11)


Couchettes molles (4 couchettes dans un compartiment fermé, rien de particulier à dire). Départ (21h28) et arrivée à l’heure (6h35) , soit 9 heures pour 543 km.


Sitôt débarqués du train à Xi’an, nous filons vers le hall de réservation pour l’étape suivante et trouvons, malgré l’heure matinale, des queues impressionnantes aux 11 guichets ouverts. Beaucoup de monde, mais aussi remarquable efficacité des employées, en 10 minutes l’affaire est réglée, nous quittons la gare en possession des billets pour Chongqing, très contents de nous-mêmes. La feuille de calepin (avec les coordonnées du train etc...) glissée sous l’hygiaphone a été très utile.



  1. 3.XI’AN  -  CHONGQING (nuit du 10 au 11/11, environ 800 km)


Première difficulté ce soir-là, trouver un taxi pour nous emmener à la gare. Après 15 mn d’attente et plusieurs refus, seul un tuk-tuk accepte, et c’est très bien comme cela finalement car le centre-ville est très embouteillé et le gabarit de l’engin lui permet de se faufiler entre les voitures et les bus, sans compter les sens interdits, les trottoirs et autres rues empruntées à contre-sens... De la haute voltige et du grand art. A 19 heures nous sommes à la gare - archi-bondée - pour un départ prévu à 20h17 (train K 1002/1003).















Vers 20 heures, les voyageurs dudit train sont invités à se présenter au portillon d’accès, une file impressionnante se forme, notre tour approche, nous tendons nos billets au contrôleur et là, stupeur et consternation! nous sommes refoulés : on nous montre nos billets, c’est marqué: 11 !!! C’est-à-dire le lendemain... Vérification... Effectivement c’est bien marqué 2011/11/11. L’employée - et c’est bien elle, car la feuille de calepin que nous retrouvons indique clairement 2011/11/10 s’est trompée hier matin. Nous insistons, expliquons qu’il y a erreur, que l’erreur n’est pas de notre fait, insistons encore, rien à faire, le portillon se referme sur les derniers passagers et nous sommes dirigés vers une salle d’attente. Nouvelles tentatives d’explication, nous en anglais, eux en chinois (!?!?), il est finalement fait appel à une jeune chinoise parlant anglais à qui nous faisons comprendre que nous devons impérativement partir le plus vite possible, par le prochain train («la croisière sur le Yangzi...»). Finalement on nous trouve une place non pas sur le train de 22h et quelque chose, mais sur le K 544 de 01h05. Une place debout (!!!) mais, nous fait-on comprendre, il  devrait être possible une fois à bord de nous caser quelque part, ou au wagon restaurant. Bon, c’est mieux que rien, nous ne perdons pas 24 heures, seulement 4 à 5 heures... Soulagement.


Vers 23 heures, nous passons de la salle d’attente (relativement confortable) au hall d’attente où nous rejoignons les voyageurs chinois (deux cents environ), et, de retard annoncé en retard annoncé, c’est finalement à 4 heures du matin que nous sommes admis sur le quai...

C’est la ruée... Le K 544 est bien là, notre wagon aussi (le n°3), nous montons vite dedans, faisons avec peine un ou deux pas (y’a plein de monde!)... et n’irons jamais plus loin. C’est donc sur la plateforme, à l’entrée du sas entre deux wagons que nous ferons le trajet Xi’an - Chongqing, en compagnie d’une dizaine d’autres - et de leurs bagages. 11 heures sur un demi-mètre carré, Alexandra assise sur la valise (sur sa poignée, en fait), et moi, debout... Au début, j’ai bien essayé de m’asseoir un peu - sur une page du Canard, mais les incessantes allers et venues m’obligeaient à chaque fois à me lever.

























Notre territoire, nos voisins.
















Le wagon proprement dit.


















L’autre wagon (nous sommes dans le sas entre les deux).























Notre environnement immédiat.













Il est près de midi, ce 11 novembre (plus que 3 heures à tenir), le sas s’est un peu dégarni au fil des arrêts et on voit mieux l’emplacement où j’ai passé 8 heures déjà... Il faut ajouter qu’entre Xi’an et Chongqing il y a beaucoup de tunnels et qu’à chaque fois un violent courant d’air nous venait des aérateurs au plafond, que les chinois fument dans les trains - et nos voisins se sont pas privés de fumer cigarette sur cigarette autour de nous (nos regards et remarques n’y feront rien) - , que les hommes se raclent la gorge et expectorent sans retenue aucune...


Vous aurez remarqué comme nous que les faciès autour de nous ne correspondent pas tout à fait aux traits de l’ethnie Han dominante en Chine et j’aurai l’explication à 10h45 lors d’un arrêt : 



























Ce train, donc, est bien connu en chine, c’est le K 544 qui relie Urumqi (Wulumuqui, capitale du Turkestan chinois, pas très loin de la frontière avec le Kazakhstan) à Chonqging en longeant d’abord la Mongolie intérieure, puis en passant par Lanzhou et Xi’an, et c’est un train qui prend des voyageurs sans place assise ou couchée, c’est donc pour cela que nous nous sommes retrouvés dans cette bétaillère. D’où les traits turco-mongols (fatigués) de la plupart des voyageurs qui avaient déjà parcouru 2568 km (en 33 heures) lorsque nous les avons rejoints à Xi’an.

Nos quelques mots de chinois ne nous ont pas permis de beaucoup échanger avec nos voisins mais, la curiosité des uns et des autres et quelques photos aidant, nous avons pu établir avec eux un début de communication. Malgré la fatigue (il s’est passé 20 heures entre le moment où nous sommes entrés dans la gare de Xi’an et notre sortie de la gare de Chongqing), cette odyssée mémorable fut assurément un des temps forts de ce voyage.




4.                                   CHENG DU  -  PAN ZHI HUA (nuit du 18 au 19/11)


Une heure de retard pour ce train (le K 117 en provenance de Pékin, à 2138 km de là). Départ à 19h25, arrivée à Pan Zhi Hua à 7h00 (pour 749 km).






























La gare et le hall d’attente


































Nous avons des couchettes «dures», 6 couchettes par compartiment non fermé. Là encore, boules «quies» recommandées. Le chinois a en effet une conception du respect d’autrui assez particulière: il ne lui viendrait pas à l’esprit, par exemple, de baisser la voix ou sa radio quand son voisin tente de s’endormir, non... Bref, il se fout et contrefout des autres, c’est comme cela (et on finit par s’y faire).


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Vers: Ping Yao